En élevage extensif De la viande bovine de qualité pour les locaux
Depuis 1988, Yannick Mercadier conduit en élevage extensif un cheptel de race blonde d’Aquitaine, qu’il valorise grâce au Groupement des éleveurs girondins.
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«Ces deux dernières années, les modes de consommation ont évolué, avec une forte demande de produits agricoles de proximité. La conduite de mon élevage est donc dans l’air du temps, note Yannick Mercadier. Cet éleveur girondin, installé depuis 1988 à Queyrac, dans le Médoc, n’est pas peu fier de sa ferme. « À l’origine, j’ai repris une petite structure familiale comprenant seulement une demi-douzaine de vaches et une vingtaine d’hectares, raconte-t-il. L’élevage, je suis tombé dans la marmite étant enfant : mon grand-père, qui possédait cette exploitation, était marchand de bestiaux. Avec mon épouse, qui ne travaille plus pour des raisons de santé, nous avons créé et développé à 90 % l’exploitation. »
Arrêt des asperges
Jusqu’au début des années 2000, la ferme produisait également des asperges. Cette activité a été arrêtée après de graves intempéries et la perte de la production mère. « Elles étaient commercialisées en vente directe. Je n’ai pas eu la volonté de repartir sur cette culture, ce qui nécessitait au minimum trois ans de travail », précise l’agriculteur. Il a préféré se consacrer à l’élevage et au développement de son cheptel. Le troupeau compte 226 têtes de race blonde d’Aquitaine, dont 83 mères à la reproduction et 4 taureaux.
Le Groupement des éleveurs girondins a ouvert cinq boucheries traditionnelles. En photo, celle de Gaillan-en-Médoc. © C.-H. Yvard
Yannick Mercadier pratique un élevage extensif sur 157 hectares de SAU. La grande majorité de la surface est située en zone Natura 2000. Il est naisseur-engraisseur et tous les animaux sont nourris à l’herbe. « Dans notre structure, nous disposons de 100 % de prairies naturelles, qui permettent une autonomie fourragère à 100 %, indique Yannick. C’est le point positif. Pour l’engraissement, nous sommes contraints d’acheter des aliments complets. Nous devenons donc tributaires des cours des céréales. »
Seuls les taureaux proviennent de la station de Casteljaloux, berceau de la race. L’éleveur sélectionne ses animaux avec soin, mais sans être dans une démarche de concours. Pas un jour ne passe sans qu’il aille les voir. Tous les vêlages se font en bâtiment, sous surveillance.
Changement stratégique depuis la crise de l’ESB
Si les consommateurs tendent aujourd’hui à privilégier les circuits courts, surtout depuis la crise de la Covid, pour Yannick, la démarche est ancienne. Elle trouve son origine dans la crise de la vache folle, dès les années 1994-1995. « Jusqu’à cette période, je travaillais avec une autre coopérative et quelques marchands indépendants, raconte-t-il. J’ai toujours eu le souci d’être maître de mes choix en ce qui concerne mon exploitation, y compris dans les négociations commerciales. J’avais un lot de génisses à vendre. Les prix étaient très bas, les cours s’étant écroulés. Nous ne sommes pas tombés d’accord, et c’est à ce moment-là que j’ai contacté le Groupement des éleveurs girondins pour commercialiser mes animaux. J’avais eu de bons échos et le prix proposé était intéressant. »
C’est le début de l’aventure et d’une véritable relation de confiance qui s’est tissée depuis plus de vingt-cinq ans. « En matière de viande bovine et ovine, c’est le circuit le plus court de France, sourit l’agriculteur. La coopérative, qui regroupe 120 éleveurs bovins et une vingtaine d’éleveurs ovins, dispose en effet de son propre abattoir et de son réseau de boucheries (lire l’encadré). »
100 % au groupement
Depuis 1995, Yannick Mercadier apporte la totalité de sa production au groupement. « Au fil des années, j’ai développé un vrai potentiel, poursuit-il. Mon souci permanent est de valoriser au maximum mes animaux, donc mon travail. Au milieu des années 1990, le Groupement des éleveurs girondins a créé sa propre filière de qualité en vente directe, tout d’abord avec des grandes surfaces locales, puis par le biais de caissettes vendues à des particuliers. » En 2020, l’EARL Mercadier a commercialisé 57 animaux.
L’éleveur regarde l’avenir avec un certain optimiste : son fils Nicolas a intégré la société en début d’année en tant que salarié à mi-temps.
Claude Hélène Yvard
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